Christian Katende, président de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), a pris la parole mercredi 18 juin dernier à l’ouverture du CODES Africa 2025, à Kinshasa. À la tribune de ce sommet, il a exhorté les acteurs du numérique Rd-congolais à s’engager pleinement dans la transformation digitale du pays.
Face à un continent encore trop marginalisé dans l’économie numérique mondiale, la troisième édition du CODES Africa, tenue sous le thème « Souveraineté, sécurité, prospérité », a sonné comme un appel à la mobilisation collective. Placé sous le haut patronage du ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba, ce sommet panafricain a réuni autour de la République Démocratique du Congo des partenaires institutionnels, des leaders technologiques et des décideurs publics venus de tout le continent.

Mais l’une des voix qui a résonné aussi fort dans cette cette journée fut sans conteste celle de Christian Katende, président de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC). Dans son discours, il a présenté la régulation comme un levier et non un frein à l’innovation.
Prenant la parole devant un parterre de ministres, de parlementaires, d’experts et d’investisseurs, Christian Katende a tenu à poser les jalons d’un modèle congolais de gouvernance du numérique, articulé autour de l’agilité, de l’inclusion et de la souveraineté.
« La régulation ne doit pas freiner l’innovation, mais au contraire l’accompagner pour un développement technologique responsable », a-t-il déclaré. Pour lui, la RDC se trouve à un moment charnière de son histoire numérique. Alors que moins de 1,3 % des datacenters mondiaux sont implantés en Afrique, la nécessité d’une réponse concertée, ambitieuse et panafricaine n’a jamais été aussi urgente.

Christian Katende a dressé le tableau des avancées récentes portées par l’ARPTC parmi lesquelles la levée de la suspension de Starlink grâce à une régularisation de son cadre opérationnel, déploiement progressif de la fibre optique, révision en cours du cadre réglementaire de la cybersécurité, intégration de l’intelligence artificielle dans les services publics, la santé, l’administration et l’agriculture.
Mais il a aussi mis en garde contre « des technologies non encadrées, ce sont des opportunités mal exploitées ». À cet effet, l’ARPTC se positionne comme le garant d’un progrès numérique maîtrisé et équitable, déterminée à accompagner chaque innovation, tout en préservant les intérêts souverains de la RDC.
Pour faire face à la complexité du monde numérique, M. Katende a fait de l’agilité réglementaire la pierre angulaire de son approche :
• Agilité face aux nouveaux acteurs, notamment les fournisseurs d’accès satellite ;
• Agilité pour accompagner les fintechs, startups et plateformes numériques ;
• Agilité dans la réponse aux défis de la cybersécurité et de la gestion des données ;
• Agilité, enfin, pour digitaliser efficacement l’administration publique et rétablir la confiance des citoyens.
« Réguler sans étouffer, innover sans exclure, accélérer sans perdre nos repères », telle est, selon lui, la nouvelle mission des régulateurs à l’ère numérique.
Au-delà du cadre réglementaire, Katende appelle à une vision nationale partagée : un numérique qui ne soit pas simplement une affaire d’outils technologiques, mais une véritable transformation culturelle, économique et institutionnelle. Pour cela, chaque Congolais, des villes aux milieux ruraux, doit devenir acteur du numérique.
Il insiste que le forum CODES n’est plus un simple événement, mais un véritable « carrefour stratégique » où se rencontrent talents, décideurs et bâtisseurs de l’Afrique numérique. C’est là, dit-il, que se forgent les alliances de demain, que naîtront les champions locaux capables de porter haut les couleurs de la souveraineté africaine.
Le code du numérique en phase de concrétisation

Sous la direction de l’ARPTC, les chantiers de fond s’accélèrent. Parmi les axes prioritaires :
• Mise en œuvre effective du Code du numérique, avec création de structures dédiées à la certification électronique et à la protection des données ;
• Lancement du contrôle de cybersécurité sur les services et infrastructures numériques ;
• Renforcement de l’encadrement des acteurs du numérique pour améliorer la qualité des services et la confiance des utilisateurs ;
• Soutien aux réformes engagées par le ministre du Numérique, dont l’élaboration d’un Plan national du numérique à l’horizon 2030, et l’harmonisation des textes de loi régissant le secteur.
Christian Katende l’a affirmé avec force, la souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se construit ensemble. Institutions, législateurs, opérateurs, startups, chercheurs, mais aussi citoyens, tous doivent jouer leur partition dans cette transformation sans précédent.
« Le Congo ne doit pas rater le train du numérique. Il doit le conduire », a-t-il martelé dans une formule qui a résonné comme un mot d’ordre. Et de conclure : « L’ARPTC s’engage, avec rigueur mais ouverture, à rester à vos côtés, dans l’écoute, l’innovation et l’action ».
Ézéchiel MONTEIRO | NUMERICO.CD