Depuis 2009, la cryptomonnaie s’affirme de plus en plus comme une monnaie utilisable dans plusieurs services d’un pays. Il s’agit d’une monnaie électronique (actif numérique) émise de pair à pair, sans nécessiter de banque ou de banque centrale ni d’intermédiaire humain.
Elle est utilisable au moyen d’un réseau informatique décentralisé basé sur une chaîne de blocs – registre distribué et sécurisé de toutes les transactions effectuées – intégrant des technologies de cryptographie (une des disciplines de la cryptologie consistant à protéger des messages en assurant la confidentialité, authenticité et intégrité) pour les processus d’émission et de règlement des transactions.
Face à cette évolution numérique, plusieurs pays au monde réfléchissent sur la mise en place d’un cadre législatif réglementaire voire fiscal qui puisse encadrer la cryptomonnaie.

Le Salvador est le premier pays au monde qui a créé, en 2021, un cadre légal permettant à ce système de fonctionner. Dans ce pays de l’Amérique du Nord, tous les paiements peuvent être effectués en bitcoin (cryptomonnaie). Mais le Fonds Monétaire International, FMI, avait exhorté le Salvador, dans son rapport annuel du 25 janvier 2022, de retirer le statut de monnaie légale au Bitcoin (cryptomonnaie) estimant qu’il pose des risques importants sur la stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs.
En Afrique, la Centrafrique est déjà dans ce système et paie parfois les employés en cryptomonnaie.
Intervenant ce vendredi 30 mai sur le thème : “cryptomonnaie et défis de régulation en République Démocratique du Congo”, lors d’une journée scientifique à l’Université Protestante au Congo (UPC), le professeur Trésor Gauthier Kalonji a expliqué qu’en RDC les autorités de la banque centrale continuent à émettre des doutes quant à la fiabilité de la cryptomonnaie.
“En RDC les autorités ont opté pour le crypto-scepticisme. C’est-à-dire qu’on ne croit pas encore en la cryptomonnaie. La banque centrale a émis un avis en date du 19 novembre 2018 dans lequel on pouvait lire ceci: < La Banque Centrale du Congo informe la population congolaise du déroulement, au travers d’une prétendue crypto monnaie, de la collecte illégale de l’épargne du public par des structures non agréées par elle. A cet effet, elle tient à rappeler, d’une part, qu’au terme de l’article 19 de la Loi n° 003/2002 du 02 février 2002, relative à l’activité et au contrôle des Établissements de Crédit, ne peut collecter l’épargne du public, qu’un Établissement de Crédit ou une Institution de Micro Finance agréés par elle et figurant sur la liste publiée et que, d’autre part, la circulation de la crypto monnaie n’est pas encore reconnue en République Démocratique du Congo >”, a-t-il expliqué.

Dans son exposé, cet expert en droit fiscal et finances publiques a présenté trois risques qui justifient la méfiance de certains pays quant à l’utilisation de la cryptomonnaie : ;
- L’anonymat qui entoure les transactions. Il s’agit de l’anonymat sur l’identité des personnes qui utilisent les crypto-monnaies. C’est ce qui fait que les personnes qui utilisent la cryptomonnaie risquent d’utiliser cette monnaie à des fins criminelles. Il est difficile de les contrôler ;
- Risques du financement du terrorismes, de blanchiment d’argent issu de la vente des services illégaux ;
- Le risque de bouleversement du système financier traditionnel étant donné que la cryptomonnaie n’est pas contrôlée.
En guise de conclusion, le professeur Trésor Gauthier Kalonji a déclaré que la cryptomonnaie est une monnaie du futur. D’où, lance-t-il, “il est très important de s’informer sur sa manière de fonctionner”.
Dans cette perspective, il a invité la jeunesse à s’informer pour ne pas rester en retard face à l’évolution des événements.
Bernard MPOYI | NUMERICO.CD