Le numérique n’est plus un simple levier d’accompagnement de l’économie congolaise. Il en devient l’un des moteurs essentiels. C’est ce qu’a rappelé, avec force et chiffres à l’appui, Hashim Mukudi, Directeur Général de Vodacash, en marge de l’ouverture de la 6è édition du Salon E-commerce & Fintech (SEF) à Kinshasa.
Selon lui, les opérateurs de mobile money en République Démocratique du Congo ont fait circuler à eux seuls environ 53 % du produit intérieur brut du pays. Une statistique qui, à elle seule, confirme le poids de l’économie numérique dans la dynamique nationale.
« Quand on revient sur les chiffres économiques, tous les opérateurs de mobile money ont fait circuler à peu près 53 % du PIB de ce pays. Donc nous voyons déjà comment ce secteur du numérique est en train d’alimenter l’économie de notre pays », a-t-il révélé.
Les services de paiement mobile ne sont plus de simples solutions d’appoint pour une population faiblement bancarisée. Ils s’imposent désormais comme des canaux dominants d’échange économique, capables d’absorber, d’organiser et de redistribuer une part significative de la richesse nationale. Pour Hashim Mukudi, cette mutation en cours n’est que le début d’une révolution économique portée par la technologie.
« Nous voyons déjà comment ce secteur du numérique est en train d’alimenter l’économie de notre pays. Et si l’on regarde les tendances démographiques, cette dynamique n’est pas près de ralentir. À l’horizon 2030, la RDC comptera quelque 135 millions d’habitants, dont 46 % auront moins de 15 ans. Ce sont autant de futurs utilisateurs, créateurs, travailleurs d’une économie digitalisée. », a-t-il affirmé.
Avec près de 24 millions d’habitants estimés à Kinshasa d’ici quelques années, et une projection de croissance de 5,5 % annoncée par le Fonds monétaire international à l’horizon 2027. À cet égard, la technologie financière devient un pilier d’organisation de la société et de redistribution de la croissance. D’autant plus que l’économie formelle peine à absorber le potentiel de cette jeunesse massive et mobile.
Cependant pour Mukudi, la croissance du numérique ne peut être pleinement exploitée sans des cadres réglementaires solides et agiles. Il salue, à ce titre, les efforts conjoints de l’ARPTC et de la Banque Centrale du Congo (BCC) qui ont posé les fondations juridiques permettant aux fintechs et opérateurs télécoms de bâtir des plateformes robustes.
« Le cadre est là. Maintenant, c’est à nous, innovateurs, de jouer notre rôle. Nous devons faire avancer l’agenda du numérique. Il ne s’agit pas simplement de vendre un service, mais de créer des écosystèmes de valeur. », a-t-il reconnu.
C’est dans cette logique que Vodacash, à travers M-Pesa, intègre à ses plateformes des partenaires globaux comme Amazon Web Services (AWS), dans l’optique de construire des services interopérables, scalables et capables de dialoguer avec les marchés mondiaux.
Par ailleurs, le DG de Vodacash reste lucide. Il y a encore des freins à lever. « L’un des plus urgents, c’est l’identification des usagers. Tant que cette base n’est pas sécurisée, beaucoup de services numériques resteront limités ou vulnérables ».
À cet effet, il plaide également pour une diversification de l’écosystème financier, notamment à travers l’intégration du secteur de l’assurance et la création de véritables places des marchés numériques, tout en appelant les institutions publiques à consommer les services issus de l’innovation locale.
A l’en croire, le SEF n’est plus seulement un salon professionnel. C’est devenu un espace stratégique de pilotage de l’économie digitale en RDC.
« C’est ici que nous discutons de disruption, d’innovation et de vision. Et surtout, c’est ici que nous faisons avancer l’idée d’une RDC connectée, plus rapide, plus efficace, et plus inclusive », a-t-il conclu.
Timothée Ézéchiel MONTEIRO | NUMERICO.CD