Le numérique et les technologies financières étaient à l’honneur jeudi 8 mai à Kinshasa, à l’occasion de l’ouverture de la 6ᵉ édition du Salon E-commerce & Fintech (SEF), organisée au Pullman Grand Hôtel. Autour du thème central « Disruptions, Fintech, Innovations & Intelligence Artificielle », décideurs publics, chefs d’entreprise, responsables de l’innovation, experts, jeunes startupeurs et passionnés ont été plongés dans un univers où les technologies de rupture redessinent les contours du développement économique.
C’est Christian Katende, président du Collège de l’Autorité de Régulation de Poste et de Télécommunication (ARPTC),qui a donné le coup d’envoi officiel de cette édition, en présence de la représentante de la Première ministre, de plusieurs ambassadeurs et d’autres invités de marque. Dans son allocution d’ouverture, il a salué le chemin parcouru par le SEF, devenu selon lui « un rendez-vous incontournable de l’agenda numérique à Kinshasa ».
« Cet événement est devenu un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui croient au pouvoir de la technologie financière pour transformer notre société, élargir l’accès aux services essentiels et impulser une nouvelle dynamique économique pour la RD-Congo », s’est réjoui.
Les technologies et Fintech peuvent offrir des réponses efficaces
Prenant la mesure des réalités urbaines et sociales du pays, il a évoqué des problèmes concrets, notamment les embouteillages chroniques de la capitale. Pour lui, les technologies numériques, portées par la Fintech, peuvent offrir des réponses efficaces à ces blocages.
« Notre pays regorge de talents, d’énergies et de besoins à adresser. Parmi les défis du quotidien.Les embouteillages monstres que connaît notre capitale Kinshasa. Ces embouteillages compliquent l’accès aux services, ralentissent la circulation des biens et des idées. La Fintech, alliée à d’autres technologies émergentes, offre des réponses concrètes : télétravail, commerce électronique, paiements dématérialisés, automatisation des services autant de leviers pour désengorger les routes tout en fluidifiant notre économie. », a-t-il expliqué.
Mais au-delà de la technologie, Christian Katende a insisté sur la nécessité d’une régulation moderne, souple et proactive, capable d’accompagner les mutations profondes en cours dans le monde numérique.
« Nous évoluons aujourd’hui dans un monde porté par des innovations de rupture : l’intelligence artificielle, les services Cloud, l’analyse des données massives autant de technologies qui bousculent le modèle classique, ouvrent des perspectives nouvelles et exigent des cadres de régulation souples, anticipatifs et intelligents. », poursuit-t-il.
ARPTC disponible à accompagner le Fintech
Dans un appel à la jeunesse congolaise, aux start-ups, aux banques, opérateurs et investisseurs, il a affirmé la disponibilité de l’ARPTC à accompagner l’écosystème Fintech.
«Sachez que vous n’êtes pas seuls. L’ARPTC est à l’écoute, disponible et déterminée à co-construire avec vous un écosystème Fintech robuste, inclusif et moteur de croissance pour notre économie. Je vous encourage à continuer d’oser, de créer et de proposer », a-t-il exhorté.
« L’ARPTC s’engage pleinement dans cette dynamique. Nous travaillons à accélérer la transformation numérique de la RDC à travers une gouvernance agile, plus transversale et résolument tournée vers l’impact. Nous croyons fermement que la régulation ne doit pas freiner l’innovation, mais au contraire l’accompagner, la sécuriser et en garantir l’équité »
Révolution numérique
Le numéro 1 de l’ARPTC, a rappelé que cette révolution numérique dépasse les seules questions technologiques. Elle engage une refonte profonde de notre rapport aux services, aux priorités et à l’équité sociale.
« Ce que nous bâtissons ici va bien au-delà du numérique : c’est une nouvelle manière de servir nos concitoyens, de repenser nos vies, nos priorités, et de construire une RDC plus connectée, plus performante et plus juste. Je conclus avec cette citation qui nous inspire. L’innovation n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour tous ceux qui veulent transformer des défis en opportunités.’ »
Genèse de SEF
De son côté, Bonny Maya, initiateur et coordonnateur du SEF, a livré ce qui s’apparente à un bilan d’étape. Il est revenu sur la genèse de cette initiative.
Depuis sa création en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, le SEF s’est imposé comme une agora de référence pour les acteurs du numérique et de la finance digitale en République démocratique du Congo et dans toute l’Afrique centrale. Bonny Baya, à l’origine de cette initiative audacieuse, affirme mesurer aujourd’hui l’ampleur du pari.
« Lorsque nous avons lancé cette aventure en 2020, au cœur d’une crise mondiale, nous étions animés par une conviction forte : le numérique et la finance digitale seraient au centre de la transformation de notre économie. C’était un pari audacieux, peut-être visionnaire. Et aujourd’hui, cinq éditions plus tard, nous mesurons pleinement combien ce pari était fondé. »
6eme édition sous les signes de disruptions, fintech, innovations & Intelligence artificielle
Alors que le salon entame sa sixième édition sous le thème « Disruptions, Fintech, Innovations & Intelligence artificielle », l’ambition reste intacte, mais le contexte exige plus que jamais une mobilisation collective. Bonny Baya insiste sur l’importance d’un partenariat durable avec les institutions publiques et privées pour construire un avenir numérique solide :
« Nous lançons ici un appel à la continuité du soutien institutionnel, car ces rencontres constituent un levier stratégique pour construire ensemble une vision partagée, inclusive et durable du numérique, en RDC comme en Afrique centrale.»
Appel au soutien institutionnel
À cette occasion, le coordonateur du salon E-Commerce et Fintech Bonny Maya, a lancé un appel en faveur d’un soutien institutionnel constant pour garantir la pérennité de cette plateforme dédiée à l’innovation numérique.
Dans son plaidoyer, il présente le SEF comme bien plus qu’un événement ponctuel. Il le décrit comme une dynamique en cours, capable d’unir les forces vives autour d’un même objectif : la souveraineté numérique africaine.
« Le SEF n’est plus seulement un salon : c’est devenu un mouvement, un catalyseur d’idées, un espace d’engagement collectif. Nous croyons fermement qu’en conjuguant les efforts des institutions, des entreprises innovantes, des start-up, des chercheurs, des décideurs et des citoyens, nous pouvons bâtir une souveraineté numérique africaine, véritable pilier pour le développement économique et social. »
Vodash partenaire
Partenaire de longue date du SEF, Vodacash (M-Pesa) a réitéré son engagement à soutenir cette initiative.
« C’est un véritable honneur pour M-Pesa d’être associé à ce salon. Cela fait la troisième édition que nous travaillons avec le SEF, et nous sommes heureux de voir comment cette initiative est en train de grandir. En tant que sponsor, c’est un immense honneur de travailler avec cette plateforme. Nous espérons la voir s’étendre sur d’autres parties de notre pays », a déclaré le Directeur général de Vodacash, Hashim Mukudi.
Les perspectives à l’horizon 2030
Les perspectives démographiques et économiques ont également été mises en lumière. À l’horizon 2030, la population de la RDC devrait atteindre 135 millions d’habitants, avec 46 % de jeunes de moins de 15 ans, et une force de travail estimée à 56 millions. Rien que pour Kinshasa, on projette près de 24 millions d’habitants d’ici 2027. Dans ce contexte, le numérique est perçu comme un levier pas le moindre pour accompagner la croissance.
« Le cadre réglementaire existe, que ce soit du côté de l’ARPTC ou de la Banque centrale. Ce salon devient donc un espace essentiel de l’économie numérique congolaise. Nous n’avons pas besoin de suivre aveuglément ce que d’autres marchés ont fait. Nous avons observé, nous pouvons apprendre de leurs erreurs et progresser plus vite. Aujourd’hui, les opérateurs de mobile money font circuler près de 53 % du PIB du pays. Cela prouve combien ce secteur alimente déjà notre économie. », a souligné le DG de Vodacash.
Les défis à relever
Les défis ne manquent pas : identification numérique des usagers, diversification du secteur financier, intégration de l’assurance et des places de marché, et surtout adoption des produits numériques par les institutions publiques. Mais les intervenants en sont convaincus : l’avenir numérique de la RDC se construit maintenant.
Pour cette édition 2025, le thème « Disruptions, Fintech, Innovations & Intelligence artificielle » a servi de fil conducteur à une programmation dense : six ateliers spécialisés, quatre panels thématiques sur le crowdfunding, la cybersécurité, l’IA ou encore l’interopérabilité financière, sans oublier les multiples visites de stands et démonstrations de solutions numériques.
Parmi les moments forts de cette journée il faudra retenir , un atelier sur le crowdfunding, un autre sur la cybersécurité, sans oublier les discussions autour de l’interopérabilité des systèmes financiers et de l’intelligence artificielle.
Timothée Ézéchiel MONTEIRO| NUMERICO.CD
