La Tanzania Telecommunications Corporation (TTCL) et la Société congolaise de fibre optique (SOCOF) ont tenu, lundi 19 octobre, à Dar-es-Salaam, une réunion stratégique consacrée à l’extension du Réseau national à très haut débit des TIC (NICTBB) depuis Kigoma, sur la rive tanzanienne du lac Tanganyika, jusqu’à Kalemie, dans la province du Tanganyika. La rencontre s’est tenue au siège TTCL, en présence de délégations de deux pays.
La partie tanzanienne était conduite par le directeur général de la TTCL, Moremi Marwa, et l’ingénieur Leo Magomba, directeur des infrastructures TIC au ministère de la Communication et des Technologies de l’information. Du côté congolais, la délégation était menée par Prosper Ghislain Mpeye, directeur général de la Société congolaise de fibre optique (SOCOF).

« Ce projet stratégique devrait stimuler de manière significative la transformation numérique en RDC, contribuant à la croissance de son économie numérique », précise une dépêche de la TTCL publié après la réunion.
Le directeur général de la TTCL, Moremi Marwa, a souligné la place centrale de la Tanzanie dans les infrastructures numériques régionales. « La Tanzanie a continué de jouer un rôle de plaque tournante des communications au sein de la CAE et de la SADC, stimulant la croissance de la technologie et des infrastructures à travers le NICTBB », a-t-il déclaré, ajoutant que ce type d’initiative constitue un pilier essentiel du développement de l’économie numérique dans la région.
Reconnu par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) dans le cadre du 2ᵉ Plan d’action prioritaire du PIDA (2021–2030), le Réseau national à très haut débit des TIC (NICTBB) de la Tanzanie est considéré comme une infrastructure stratégique pour l’intégration numérique régionale. S’étendant déjà sur 13 820 kilomètres sur les 16 280 prévus, ce réseau relie la Tanzanie à six pays : la Zambie, le Malawi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

Pour sa part, le DG de la SOCOF a insisté sur l’impact concret de cette interconnexion pour les services numériques et les échanges commerciaux. « Nous considérons la Tanzanie comme un lien important reliant les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud », a-t-il affirmé, précisant que la mise en service du corridor de communication entre les deux pays simplifiera la communication, augmentera l’efficacité des services numériques et stimulera les échanges régionaux.
L’extension vers la RDC marque une nouvelle phase dans cette dynamique régionale. Le câble sous-marin envisagé, d’une longueur comprise entre 160 et 186 kilomètres, offrira une capacité initiale de 100 gigabits par seconde, extensible à des térabits. Le projet intègre des solutions techniques avancées pour faire face aux profondeurs du lac (jusqu’à 1 470 mètres) et aux risques sismiques de la Rift Est-africaine, tout en respectant les normes environnementales de la Convention de Ramsar sur la protection de la biodiversité du lac.
Ce fibre optique promet de diviser par deux les coûts de la bande passante dans les provinces orientales de la RDC, où les connexions reposent encore en grande partie sur des liaisons satellitaires. Elle permettra d’améliorer la fiabilité et la rapidité d’accès à Internet, tout en stimulant des secteurs stratégiques tels que l’analyse de données minières, le commerce électronique et les services numériques.

Selon les estimations, ce projet pourrait générer une valeur commerciale régionale supplémentaire de 1 à 2 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Les travaux de mise en œuvre devraient débuter au premier trimestre 2026, après l’approbation définitive de l’étude d’impact environnemental. L’exploitation commerciale complète est attendue d’ici fin 2027.
Les autorités des deux pays se sont engagées à assurer des revues trimestrielles pour suivre la progression du chantier et sécuriser les financements nécessaires.
La RDC dispose déjà de deux câbles sous-marins internationaux 2Africa et WACS, ainsi que d’une interconnexion par fibre optique avec l’Ouganda via le lac Albert. L’ajout de cette nouvelle liaison permettra de renforcer la résilience et la capacité de son réseau national de télécommunications.
Jonas TSHIPADI | NUMERICO.CD
