La coalition «Le Congo n’est pas à vendre» (CNPAV) alerte sur la mauvaise gestion des gisements des minerais de la République démocratique du Congo, particulièrement de lithium.
Ce minerais stratégique utilisé dans la fabrication des voitures électriques, se retrouve actuellement au centre des enjeux de la transition énergétique au niveau mondial. Cependant la RDC possède un des gisements de lithium les plus stratégiques du monde, notamment le gisement de Kitotolo-Manono, dans la province du Tanganyika.
Ce qui représente un énorme potentiel pour aider le pays à se développer économiquement. Par ailleurs, le CNPAV indique que le gisement de Manono a été au centre de nombreuses accusations, notamment de corruption et de mauvaise gestion.
«Ce gisement a fait l’objet d’une forte compétition entre investisseurs et appartenait jusqu’en 2022 à Dathcom, une joint-venture contrôlée par une société australienne AVZ Minerals. En avril 2022, le ministère avait demandé la rétrocession de la partie nord-est du gisement, et a ensuite annulé le permis pour Kitotolo-Manono complètement en février 2023. Vu le fort intérêt d’investisseurs pour le site, le gouvernement aurait dû organiser un appel d’offre pour négocier un accord en position de force. En lieu et place, le ministère semble avoir permis à la Cominiere de négocier de gré à gré un accord avec Zijin Mining qui reste non publié jusqu’à aujourd’hui», lit-on dans un communiqué publié ce vendredi 10 mai par le CNPAV.
Et d’ajouter : «En octobre 2023, la Cominiere a signé un nouveau contrat de coentreprise avec Zijin Mining lui donnant effectivement le contrôle de la section nord-est du gisement Manono en créant une coentreprise appelée Manono Lithium SAS. Il a été annoncé que dans le cadre de cet accord, Manono Lithium ferait une donation de 70 millions de dollars « pour soutenir les efforts humanitaires » dans l’Est et le Nord-Est de la RDC . Le 19 avril 2024, Africa Intelligence a rapporté que Zijin Mining avait fait cette donation à une ONG relativement méconnue appelée “Le Bouclier”, et que le président de cette ONG est Jean David E’Ngazi, membre du conseil d’administration de la Cominiere», a poursuivi le CNPAV.
La coalition «le Congo n’est pas à vendre» considère que les fonds pour les interventions sociales octroyés en marge de la conclusion d’un contrat minier stratégique devraient être gérés par l’État congolais et non par une entité privée.
Toujours selon cette organisation, le contrat du « joint venture » Manono Lithium SAS n’a pas été publié, malgré l’exigence de la loi de la RDC selon laquelle tous les contrats miniers doivent être divulgués dans un délai de 60 jours.
De ces faits, le CNPAV appelle le gouvernement congolais à :
- Lancer une enquête officielle sur la mauvaise gestion par la Cominiere et les ministères des mines et du portefeuille, du gisement de lithium de Kitotolo-Manono;
- Entamer une action disciplinaire contre les membres du conseil d’administration impliqués dans la transaction vers l’ONG le Bouclier;
- Passer à la restitution des fonds au trésor public et entamer un audit indépendant des fonds déjà reçus et dépensés par Le Bouclier;
- Utiliser les résultats de l’enquête de l’IGF pour des actions judiciaires contre les personnes impliquées dans le dossier ;
- Inscrire cette question au conseil des ministres et inviter le ministre des mines devant la presse dans le cadre de la redevabilité du gouvernement ;
- Inviter le ministre des mines devant le parlement pour lui dresser une question orale avec débat sur le dossier Cominiere;
- Assurer la publication du contrat Manono Lithium SAS conformément aux exigences du code minier.