Lors d’un échange consacré aux dynamiques entrepreneuriales entre l’Afrique et l’Europe, à l’occasion de EMERGING VALLEY 2025, un rassemblement des leaders de la tech Afrique-Europe, Pascal Kanik, co-fondateur de Schoolap, a livré une vision affirmée d’un entrepreneuriat africain désormais moteur d’innovations exportables, « faire de la technologie éducative africaine un moteur d’innovation mondiale, grâce à des solutions pensées pour les réalités du terrain » et désormais prêtes à franchir les frontières.
Schoolap se veut la Pronote africaine. Elle propose une plateforme complète permettant la gestion intégrale des établissements scolaires, accessible même en mode hors ligne. Conçue pour fonctionner dans des environnements où l’accès à Internet reste partiel, elle s’appuie aussi sur des services interactifs par SMS. Elle est déjà implantée à Dubaï, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Kenya aussi et au Burkina Faso.
En RDC, Schoolap accompagne déjà la transformation numérique du système éducatif. « Nous avons aidé le gouvernement à digitaliser tous les processus de délivrance des diplômes. Tous les diplômes au Congo aujourd’hui sont infalsifiables avec la blockchain. C’est nous qui les faisons avec e-Diplome.», renseigne Pascal Kanik. Ce projet, désormais opérationnel, s’étendra, avance-t-il, prochainement à d’autres pays africains grâce à des accords déjà conclus.

Un choix stratégique dans un contexte où seuls 40 % des Africains ont une connexion Internet permanente. « Nous développons des solutions qui permettent aux pays africains d’embrasser le digital », résume Kanik.
Pour lui, la démarche est claire : proposer du concret, loin des discours et théories, et bâtir un modèle africain d’innovation robuste, en rappelant que l’Afrique offre un marché encore disponible à 90 % et que les jeunes startups n’y trouvent pas toujours les infrastructures et les acteurs capables de mobiliser des financements d’envergure.
Schoolap a choisi Marseille, révèle M. Pascal, comme base stratégique pour son expansion européenne. Un choix motivé autant par la dynamique tech locale que par la proximité avec le Maghreb. « Déjà à partir de Marseille, nous voulons pénétrer le Maghreb parce que nous trouvons que c’est beaucoup plus facile. J’ai eu de bons contacts avec la délégation du Maroc. »
Pascal Kanik défend le concept de reverse innovation, ou innovation inversée des solutions nées en Afrique pour répondre ensuite à des besoins européens. « Pourquoi pas une innovation offline africaine utile aux écoles de campagne en France ? », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’on veut fuir l’Afrique que nous sommes ici. Je crois qu’il y a un mix à faire. », a-t-il expliqué, tout en soulignant que l’expansion internationale de Schoolap n’est pas motivée par une fuite du continent.
Depuis sa première levée de fonds de 500 000 dollars au Congo, renseigne le DG Kanik, Schoolap s’est autofinancée et couvre aujourd’hui 6 % du marché éducatif congolais.
Jonas TSHIPADI | NUMERICO.CD
