Par-delà les résultats spectaculaires de l’Examen d’État 2025, une transformation profonde s’opère dans les entrailles du système éducatif congolais. Portée par la ministre Raïssa Malu, cette réforme n’est pas un simple toilettage technique , c’est une thérapie de choc contre un appareil administratif usé, figé dans ses routines et paralysé par des lourdeurs héritées du passé.
Dans une publication rendue publique ce mercredi 6 août 2025, Jacks Ngalangala, conseiller en sécurité informatique au ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté, a levé le voile sur ce qui ressemble désormais à une révolution de la correction en République démocratique du Congo.
Alors que beaucoup s’étonnaient ou s’interrogeaient sur la publication des résultats de l’examen d’État à peine trois jours après la fin des épreuves, il a affirmé ce n’est pas de la magie, c’est de la méthode.
« Beaucoup se sont étonnés de la publication rapide des résultats, mais ce n’est pas un hasard. C’est le fruit d’une stratégie pensée, planifiée et exécutée sur toute une année », affirme-t-il.
Pendant des décennies, le système éducatif congolais a fonctionné sur un mode lent, centralisé, bureaucratique. Les copies d’examen transitaient par des routes incertaines jusqu’à Kinshasa, où elles s’empilaient dans des centres de correction débordés. Les résultats prenaient des semaines, parfois des mois, à paraître, et les erreurs étaient monnaie courante. Dans ce vieux monde, le progrès semblait un luxe inaccessible.
Aujourd’hui, c’est un tout autre récit qui s’écrit.
La réforme portée par Raïssa Malu a reposé sur trois piliers : l’optimisation logistique, la décentralisation de la correction et l’intégration d’outils technologiques de pointe. Trois provinces disposent désormais de centres de correction modernes, capables non seulement de traiter leurs propres copies, mais aussi celles des provinces voisines. Le transport vers la capitale n’est plus un goulot d’étranglement. Dans les provinces enclavées, les contraintes ne sont pas ignorées, mais elles sont traitées avec méthode, dans un processus progressif et maîtrisé.
La correction elle-même a changé de visage. En effet,elle a commencé dès le premier jour d’examen, s’est poursuivie sans interruption, y compris pendant les jours fériés, dans une logique de traitement en temps réel. Fini le temps mort entre la fin des épreuves et le début du dépouillement désormais chaque minute compte, chaque jour est mis à profit.
C’est là que la technologie entre en jeu. Un nouveau logiciel intelligent, adossé à des algorithmes d’intelligence artificielle, a remplacé l’ancien système obsolète. Résultat : plus de 100 pages corrigées par minute, contre à peine 8 auparavant. Mais l’intelligence artificielle ne remplace pas l’humain , rassure l’informaticien du ministère, elle l’augmente. Chaque correction reste soumise à un contrôle humain strict, mené jour et nuit par des inspecteurs aguerris. La fiabilité ne se négocie pas.
« Mais malgré ces avancées, chaque étape critique reste soumise à une vérification humaine rigoureuse, un travail essentiel assuré par les inspecteurs qui travaillent nuit et jour sans relâche. Ce double contrôle garantit à la fois la rapidité et la fiabilité du processus », a réagi Jacks Ngalangala
Conseiller en securité Informatique.
Mais derrière la performance technologique, il y a une philosophie : l’innovation n’est pas une fin en soi, c’est un outil au service d’une vision. Celle d’un système éducatif réactif, équitable, capable de répondre aux défis contemporains. Et surtout, un système qui rompt avec l’idée que le progrès serait un luxe ou un caprice.
« Innover, ce n’est pas publier vite, c’est créer les conditions pour que les choses avancent avec cohérence et efficacité », rappelle Jacks Ngalangala. L’obtention des résultats en trois jours n’était pas un objectif en soi, mais la conséquence logique d’une stratégie pensée sur une année entière.
Cette stratégie, Raïssa Malu l’a pensée comme une thérapie : pour guérir un système malade de ses lenteurs, de ses procédures caduques, de ses résistances internes au changement. Elle a répondu à l’inertie par la rigueur, à la lourdeur par l’agilité, à l’archaïsme par la technologie.
Et ce n’est qu’un début. Après la modernisation de la correction, les diplômes électroniques sont en route, et avec eux une nouvelle ère de transparence, de traçabilité et de reconnaissance internationale.
Ézéchiel MONTEIRO | NUMERICO.CD
