L’Institut National des Arts (INA) a accueilli, ce jeudi 08 mai, le lancement de la seconde édition des Rencontres congolaises de recherches sur le journalisme, sous le thème : « le journalisme face à l’intelligence artificielle. Entre méfiance et révérence ».
Cet événement, organisé par le Laboratoire de Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication (LARSICOM) et l’association des médias en ligne de la RDC, en partenariat avec l’INA, a réuni des étudiants, des chercheurs, des journalistes et des experts du numérique pour une journée intense en échanges.
Trois conférenciers ont partagé leurs réflexions lors de cette ouverture sur le thème « vérité, fiction à savoir à l’ère de l’IA : Quels repères pour les citoyens ».
Axel Gontcho, journaliste, a analysé les défis de la réglementation de l’utilisation de l’IA par les instances de régulation congolaise, similaire aux autres nations.
« À peine 5 mois après le lancement de ChatGPT, le conseil de déontologie journalistique française s’est réuni. Des limites à ne pas dépasser ont été fixées en France, » a-t-il affirmé, suggérant de réguler également ce secteur en RDC.
Il s’est également interrogé sur l’impact des technologies IA capables de générer des articles entiers et de présenter une information sous différents angles : « Peut-on encore parler de journalisme? » questionne-t-il par vidéoconférence depuis la France.
Quant au Prof. Madimba Kadima-Nzuji, il a abordé la question de la créativité réduite de l’IA, et sa nature intangible.
« L’IA est une extension de l’humain et ses limites créatives sont intangibles, » a-t-il expliqué lors de sa présentation.
Et de poursuivre : « L’IA est illégale et ne bénéficie pas de la protection du droit d’auteur ».
Par ailleurs, M. Félix Malu, expert en IA, a mis en évidence les opportunités et les menaces que représente l’IA pour le travail journalistique et la consommation de l’information. « L’IA est là pour nous faciliter la vie… », a-t-il affirmé.
Cependant, M. Malu a précisé que l’ampleur que prend l’IA dépend des limites qu’on lui fixe. Plus elle décide à votre place, dit-il, elle entraîne la perte de votre autonomie intellectuelle.
En outre, il a continué son intervention par la présentation du paradoxe des hallucinations de l’IA face aux fausses informations qu’elle peut présenter si le chercheur ou journaliste ne recoupe pas ses sources.
« L’IA offre un paradoxe avec des informations fictives présentées de manière très crédible, » a-t-il alerté.
Cet événement a permis de définir les bases d’un débat national sur l’impact de l’IA dans la production du savoir et sur la perception du réel. Les intervenants ont souligné la nécessité d’éduquer les citoyens, de renforcer l’éthique journalistique et de développer des outils de vérification adaptés au numérique.
Soutenue par divers partenaires, dont FirstBank DRC, la Délégation Wallonie-Bruxelles et Internews, cette rencontre se poursuit les 09 et 10 mai toujours à l’INA.
Marcus Salomé | NUMERICO.CD