En République Démocratique du Congo, la technologie censée réduire la fracture numérique devient un outil au service de la guerre. Selon une enquête de la Radio France Internationale(RFI) publiée le Jeudi 25 septembre 2025, plusieurs groupes armés opérant dans la partie Est du pays utilisent le réseau satellitaire Starlink, conçu par l’entreprise américaine SpaceX, pour organiser leurs opérations militaires à l’abri des coupures de communication imposées dans certaines zones de conflit.
Starlink offre un accès internet satellitaire à haut débit, fonctionnant sans dépendre aux infrastructures locales souvent absentes ou sabotées dans les zones en guerre. Grâce à une simple antenne, des batteries et un ciel dégagé, cette technologie permet de rester connecté même dans les endroits les plus reculés, comme les forêts denses de l’Ituri, du Nord-Kivu ou du Sud-Kivu. Une aubaine pour les groupes armés qui l’exploitent pour échapper à la surveillance des forces congolaises et internationales.
D’après les sources citées par RFI, des dispositifs Starlink auraient été repérés entre les mains des éléments du M23, mais aussi d’autres milices locales. Leur usage permettrait de maintenir une communication cryptée et stable entre différents commandements sur le terrain, de planifier des offensives et de recevoir des instructions depuis l’extérieur, y compris potentiellement depuis des pays voisins.
À en croire la même source, les services de renseignement congolais se disent débordés par cette nouvelle forme de guerre numérique, difficile à intercepter ou
à brouiller sans le concours numérique du fournisseur lui-même.
Face à cette menace intense, renseigne RFI, le gouvernement congolais affirme avoir saisi les autorités Américaines pour examiner les modalités de régulation de l’accès à Starlink sur son territoire. Des mesures de restriction ciblée sont à l’étude, mais leur mise en œuvre reste encore floue.
En parallèle, plusieurs ONG alertent sur un possible double usage de cette technologie qui sert à la fois les civils mal desservis en internet et les groupes armés dans les zones de non-droit. Elles appellent à une régulation responsable de l’accès aux équipements de Starlink, tout en évitant de pénaliser les populations locales qui bénéficient enfin d’un accès à l’information et aux services numériques.
La militarisation de l’Internet par les militaires dans un pays déjà meurtri par des décennies de conflit démontre, une fois encore, que chaque innovation technologique peut devenir elle-même une arme, selon l’usage qu’on en fait.
Blaise ABITA | NUMERICO.CD