En marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies, l’Union africaine (UA) a mis en avant l’importance de la coopération numérique africaine lors du Symposium des dirigeants « Forward Africa », organisé au Nasdaq MarketSite. L’événement, placé sous le thème « Faire progresser la transformation numérique de l’Afrique : inspirer l’action, accélérer la croissance, amplifier l’impact », a réuni décideurs, investisseurs et innovateurs pour réfléchir à l’avenir digital du continent.
La vice-présidente de la Commission de l’UA, Selma Malika Haddadi, a rappelé que l’Afrique se trouve « à la croisée des chemins » de son destin numérique. Soulignant l’importance de la Stratégie de transformation numérique de l’UA (2020-2030), elle a fixé un cap clair :
« D’ici 2030, nous ambitionnons de créer un marché unique numérique africain qui accélère l’intégration régionale et garantisse que l’Afrique ne soit pas seulement consommatrice, mais aussi créatrice et innovatrice dans l’espace numérique mondial. »

Toutefois, elle a alerté sur la fragmentation des politiques nationales, appelant à une harmonisation des cadres réglementaires pour bâtir une véritable architecture numérique continentale.
De son côté, Hannah Awuku, fondatrice de Forward Africa, a présenté le symposium comme « un mouvement » destiné à renforcer l’écosystème numérique africain à travers des investissements audacieux et des partenariats stratégiques. Avec une jeunesse représentant plus de 60 % de la population et une économie numérique projetée à plus de 5 % du PIB continental d’ici 2025, elle a insisté sur l’importance de transformer ce potentiel en innovations concrètes dans les secteurs clés comme la fintech, l’agritech et la healthtech.
Le secteur privé a également fait entendre sa voix. Samaila Zubairu, PDG de l’Africa Finance Corporation (AFC), a qualifié l’économie numérique de « vitale », citant l’exemple du projet MainOne, acquis par Equinix, comme preuve que l’Afrique peut générer des infrastructures numériques de niveau mondial. Alex Apau Dadey, président exécutif du groupe KGL, a lui insisté sur l’urgence des partenariats public-privé :
« Les gouvernements ne créent pas la richesse. Ils doivent mettre en avant le secteur privé comme moteur de la transformation. »

L’innovation technologique s’est aussi invitée dans les débats, notamment avec l’IA. Marie-Antoinette Rose-Quatre, directrice générale du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, a rappelé l’exemple de l’Albanie qui a nommé une IA, « Diella », ministre des marchés publics, y voyant une opportunité pour l’Afrique de réduire la bureaucratie et renforcer la transparence.
Soutenu par des partenaires tels que la Fondation KGL, la GSMA, l’ABAN et l’Africa Business Council, le Symposium a débouché sur une déclaration claire : l’Afrique doit agir vite. Avec une jeunesse connectée et une dynamique d’innovation déjà en marche, le continent entend consolider son agenda numérique et s’imposer comme un acteur majeur dans la chaîne de valeur mondiale.
Jonas TSHIPADI | NUMERICO.CD