La République démocratique du Congo (RDC) fait ses débuts dans l’Indice mondial de l’innovation 2025, publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Bien que le pays se situe encore parmi les dernières économies mondiales en matière de progrès, cette présence représente un tournant décisif pour son futur économique et numérique.
Jusqu’en 2024, la RDC n’était pas incluse dans le classement du GII. L’édition 2025 change cette situation : le pays est désormais classé 137e sur près de 140 économies évaluées. Cette première inclusion témoigne d’une meilleure disponibilité des informations et d’un intérêt croissant pour évaluer les capacités d’innovation de l’économie congolaise.
La RDC se trouve en bas du classement, aux côtés du Niger, de l’Angola et du Mali. Les principales faiblesses identifiées concernent :
- Les infrastructures numériques et physiques, insuffisantes pour soutenir le progrès à grande échelle.
- Le faible investissement en recherche et développement (R&D), limité aussi bien par les ressources publiques que privées.
- Le manque d’accès au financement de la progrès et à un marché de capitaux structuré.
- La production scientifique et technologique (brevets, publications, jeunes entreprises) encore à ses débuts.
Cependant, la RDC possède des atouts :
- Ses ressources naturelles importantes (cuivre, cobalt, lithium) en font un acteur clé pour l’économie mondiale de demain, notamment dans la transition énergétique.
- Sa jeunesse nombreuse et dynamique représente un réservoir de talents potentiels, en particulier dans les technologies numériques.
- L’augmentation des initiatives locales (jeunes entreprises technologiques, incubateurs, projets d’e-gouvernance) offre des perspectives intéressantes.
Par rapport à ses voisins, la RDC part de plus loin. Le Rwanda, bien que petit marché, a réussi à développer un environnement numérique attractif. Le Kenya est reconnu comme un centre africain des jeunes entreprises. Même l’Angola, pourtant en bas de classement, dispose déjà d’infrastructures un peu plus solides.
Cette comparaison souligne l’urgence pour Kinshasa d’investir dans des politiques publiques ciblées et durables.
Pour espérer améliorer sa position dans les prochaines éditions du GII, la RDC devra :
- Renforcer ses infrastructures numériques (accès Internet, couverture mobile, centres de données).
- Augmenter les investissements en R&D en mobilisant à la fois le secteur public et le secteur privé.
- Encourager l’entrepreneuriat innovant par des financements, incubateurs et collaborations internationales.
- Développer les compétences locales, notamment en sciences, ingénierie et technologies digitales.
- Valoriser ses ressources naturelles à travers l’avancement industriel (batteries, énergie verte, technologies minières).
L’entrée de la RDC dans le classement mondial de la progrès est à la fois un constat de retard et une opportunité stratégique. Elle met en lumière les défis importants qui attendent le pays, mais aussi la possibilité de transformer ses richesses naturelles et son capital humain en un véritable moteur de progrès. Pour Kinshasa, le message de l’OMPI est clair : il ne suffit plus d’exploiter des ressources, il faut désormais faire progresser pour créer de la valeur et prendre place dans l’économie mondiale du savoir.
Marcus SALOMÉ l NUMERICO.CD